Le cœur du métier d’acousticien se joue aujourd’hui dans le domaine professionnel, dans la construction et la rénovation de bâtiments à des fins variées, lieux culturels bien sûr, accueil du public, logement, bureaux, industries, etc.

Dans ce cas, l’ingénieur acousticien travaille de concert avec un architecte, des ingénieurs, un maître d’ouvrage et les entreprises de construction. L’objectif consiste toujours, dans le cadre de la loi et des normes en vigueur, à faire coïncider une structure architecturale et un usage dans le plus grand respect de la santé et de l’environnement.

Bâtiments

Quand il s’agit de la construction d’un édifice, l’acousticien peut intervenir à de nombreux stades, depuis la phase de conception jusqu’à la réception du chantier et la délivrance de l’attestation acoustique.

Une expertise à tous les niveaux

Dans le cadre d’une rénovation, le diagnostic préliminaire du bâti existant précède idéalement les recommandations pour atteindre de bons standards. Le métier prend donc différentes réalités, depuis les relevés sur site, puis la rédaction de notices en passant par des modélisations à travers des logiciels, jusqu’à la mise en pratique sur le terrain où pragmatisme et sens de l’observation sont requis.

Toutes les typologies de bâtiments sont à envisager. Derrière chaque architecture, il y a des usages, des humains qui vont y exercer des activités, y vivre, travailler, apprendre, se soigner, se divertir… L’écoute et la compréhension des besoins dirigent la pertinence de la réponse acoustique, un des traits caractéristiques de l’approche.

À chaque lieu, des besoins acoustiques spécifiques

Quelle que soit la destination de l’édifice, les règles acoustiques demeurent identiques, mais les normes réglementaires et les objectifs de performances changent. Les critères de confort doivent donc s’adapter.

Le rôle de l’acousticien en amont est décisif sur la future bonne entente des usagers et leur satisfaction au quotidien. Respect de la confidentialité en milieu hospitalier, intelligibilité dans les lieux d’enseignement, isolement des logements, sécurité dans les usines, l’anticipation se projette dans l’après-construction, mais parfois même à un horizon bien plus lointain.

Aujourd’hui, les acousticiens du Cinov GIAc travaillent de concert avec les acteurs du développement durable, à l’origine des labels environnementaux, des normes et des lois, pour faire évoluer les exigences du nécessaire au suffisant, afin de prendre en compte des valeurs plus subtiles, pour passer de la zone du sécuritaire à celle du bien-être.

Des outils de mesure étonnants

Pour procéder aux mesures sur le terrain, les outils de l’acousticien sont variés et intrigants. Le principal, le sonomètre, consiste à enregistrer le niveau sonore en décibel. On recense aussi le pistolet d’alarme tout comme des ballons de baudruche pour pouvoir qualifier la réverbération. De puissants haut-parleurs viennent également compléter son équipement pour vérifier les isolations. Pour simuler la marche dans une pièce et sa répercussion sur les étages inférieurs, la balle japonaise est utilisée, ou encore la machine à chocs, munie de marteaux de percussion, pour reproduire de fortes incidences sur les sols. Grâce à ces outils, très peu de bruits sont laissés au hasard dans un bâtiment expertisé. L’ingénieur acousticien mène une véritable enquête parfois pour comprendre l’origine d’un son, et prend en compte des données souvent insoupçonnées du grand public.

Bruits extérieurs et environnement

Dès les années 1970, le bruit commence à être considéré comme une pollution par les pouvoirs publics. Depuis lors, la réglementation ne cesse de mettre en place des mesures de protection des riverains et s’intéresse désormais aux perturbations qui affectent la faune. Le Cinov GIAc est présent dans toutes les instances qui aident à l’élaboration de normes et lois qui encadrent notre environnement pour qu’il soit le plus sain possible.

Les domaines d’activité concernés quand on pense aux bruits dans l’environnement sont nombreux : des transports aux lieux de concerts, des parcs éoliens aux sports mécaniques, tous sont encadrés par des réglementations spécifiques.

Les activités concernées

  • Les transports, qu’ils soient ferroviaires, routiers ou aériens, sont soumis à des normes d’émission sonore propres aux infrastructures d’utilité publique qui définissent des objectifs de niveau précis à ne pas dépasser. Les projets de modification ou de création dans ce domaine nécessitent des études d’impacts et des recherches de solutions de type écran acoustique ou protection de façade.
  • Les sites de production énergétique, depuis le parc éolien et ses fréquences particulières qui peuvent se propager au lointain, la cogénération, jusqu’au parc photovoltaïque d’apparence inoffensif, mais dont les locaux techniques génèrent des fréquences marquées, doivent respecter les seuils en vigueur.
  • Les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), par exemple les lieux consacrés à l’élevage de bétail, chenil ou zoo, mais aussi les déchetteries, les usines, les stations d’épuration ou encore les carrières sont soumises à des règles de limitation de leurs émissions sonores et vibratoires dans l’environnement.
  • Les projets d’aménagement du territoire, zones d’aménagement concerté en milieu rural, opérations de reconversion urbaine, création de zones d’activité, bouleversent le paysage sonore existant et doivent s’accorder aux normes fixées et aux attentes des riverains pour vivre dans un environnement apaisé.
  • Les équipements techniques de chauffage, ventilation et climatisation des bâtiments sont soumis à la loi sur le bruit de voisinage, depuis la très conflictuelle pompe à chaleur jusqu’aux extracteurs de hotte, ou encore les rooftops…
  • Les sports mécaniques sur circuit, les balltraps doivent répondre tout autant à la loi bruit de voisinage. Ils sont suivis par de nouvelles activités de plein air qui tendent à devenir des sujets d’étude (skate park, city stade, crossfit…).
  • Les lieux musicaux et festivals, en intérieur ou en plein air, doivent respecter eux aussi un certain nombre de normes d’émission sonore en rapport avec les caractéristiques spécifiques de la musique amplifiée (basses fréquences, percussions…).

Une modélisation adaptée au terrain

Pour ces différents lieux, l’acousticien modélise et simule l’impact sonore sur l’environnement à partir des données du terrain qui interfèrent avec la propagation du bruit, des activités projetées et des déplacements engendrés… Il prévoit, dimensionne et participe aux opérations de conception. Lors de la réception des chantiers, les niveaux sonores sont contrôlés par des mesures selon les normes en vigueur.

Le travail de l’acousticien évolue constamment. Il est facilité par le perfectionnement continu des sonomètres, mais aussi par celui des logiciels de calcul de propagation.

Une démarche durable

L’ingénieur acousticien participe au bien-être de la population en accord avec les recommandations de l’OMS qui encourage à l’aménagement de quartiers d’habitation en zones apaisées. Quand il s’agit de réduire les émissions en provenance de l’extérieur, les éléments ou dispositifs préconisés sont de plus en plus durables : paille, gabion, matériaux recyclés. Les surfaces végétalisées qui absorbent le son reprennent la place du minéral qui le réverbère. L’harmonie avec l’environnement est désormais au cahier des charges.

Industries et BTP

Dans le monde professionnel, et a fortiori à l’intérieur des usines et des ateliers, le Code du travail est la principale réglementation qui s’applique. En matière acoustique, d’une part, elle régit essentiellement la protection de l’ouïe des travailleurs contre les effets sonores trop intenses ou persistants. En matière vibratoire, d’autre part, elle assure la protection contre les dangers de dégradation physique induits par une exposition trop forte ou prolongée à des vibrations mécaniques.

Le cadre réglementaire

Le bruit y est reconnu comme facteur de pénibilité au travail. Ce Code demande à l’employeur d’évaluer les risques d’exposition sonore ou vibratoire et définit des seuils pour chacun d’eux, selon une durée ou un nombre d’occurrences de degrés trop élevés, nécessitant des dispositions particulières. Il pose un cadre de sécurité pour les employés et vise à prévenir les dommages irréversibles du système auditif (surdité professionnelle) lié à une exposition sonore prolongée à des niveaux importants. 

Si, pour enclencher des protocoles actifs de précautions et de protections, la loi établit des échelons d’alerte assez hauts, il apparaît des nuisances, des fatigues et des freins à l’accomplissement du travail pour des intensités ou des doses de bruit et de vibrations nettement inférieures aux seuils fixés, y compris lors de phénomènes discontinus. À cet égard, tous les lieux de travail peuvent être concernés.

Une intervention à l’écoute des attentes

Par son approche analytique fine et pas uniquement basée sur la mesure, mais également par sa connaissance du système auditif, l’acousticien sait apporter un regard extérieur sur l’ensemble des paramètres qui conduisent à l’exposition sonore et vibratoire. Pour ce faire, il observe et évalue les méthodes et les pratiques, il examine les caractéristiques des divers postes de travail, l’adaptation des lieux. Il s’intéresse en somme à tout ce qui concourt à amplifier ou atténuer les conditions acoustiques et vibratoires au sein des entreprises.

À la conception d’un nouvel édifice, ou à sa rénovation, l’arrêté du 30 août 1990 pris en application du Code du travail (article R235) traite de l’exposition sonore des opérateurs, de l’insonorisation des machines ou des activités bruyantes et de la correction acoustique des espaces susceptibles de les accueillir. En concertation avec l’architecte, les bureaux d’études des différentes expertises et l’entreprise, l’acousticien s’assure que la destination et les activités seront d’emblée considérées pour optimiser les propriétés acoustiques des matériaux et des espaces dédiés. Il s’agira de leur conférer des caractéristiques atténuant la propagation des bruits et des vibrations. L’acousticien peut également travailler avec les concepteurs des machines et des processus pour en diminuer leur production sonore ou vibratoire, ainsi que la transmission à l’édifice qui les reçoit.

Une approche multifactorielle

S’il est question d’un bâtiment existant ou d’une situation en cours, les ingénieurs acousticiens peuvent être sollicités par les employeurs ou par les CHSCT afin d’établir un diagnostic préliminaire. Par la suite, il peut proposer tout un champ d’action sur divers facteurs pour apaiser les ambiances sonores. Dans ce cas aussi, l’approche de l’acousticien est multifactorielle et consiste à comprendre le contexte, à recueillir le ressenti réel des usagers, à écouter puis préparer et analyser des mesures objectives, pour accompagner au mieux les équipes dans l’amélioration des conditions de travail.

Reposant sur un savoir-faire et des connaissances techniques, mais aussi beaucoup d’expérience du métier, le diagnostic mené par l’ingénieur acousticien va prendre en compte tous les paramètres du lieu et des usages en vigueur : architecture, dispositifs mécaniques bruyants, activités simultanées, profils de poste et besoins des différentes équipes en présence. Les interventions possibles en réponse aux mesures et pratiques observées sont multiples depuis l’isolement des sources sonores, à la construction de cloisons acoustiques, la mise en place de nouvelles règles de distance, ou encore l’aménagement de mobiliers plus appropriés. À cette occasion, un partenariat avec un ergonome voire un designer sonore peut être envisagé pour adapter les machines et les modes de travail autour.

Des bénéfices à court, moyen et long terme

L’effet immédiat sera une réduction du stress et de la fatigue générés par le bruit et ainsi prévenir les accidents d’inattention et à plus long terme les dommages auditifs irréversibles. Parfois, des habitudes anodines peuvent avoir de lourdes conséquences sur l’appareil auditif et les conseils experts sont les bienvenus pour mettre en place de bonnes pratiques.

À long terme, ces changements représentent un investissement financièrement minime avec des retombées positives majeures tant sur le plan humain que sur celui du rendement.

Personne de terrain tout autant que de science, l’acousticien sait également sensibiliser les équipes concernées à l’impact du bruit et aux nécessités de bien se protéger.

Ce sont pour toutes ces raisons que les acousticiens, au sein de leur représentation professionnelle du Cinov GIAc, exercent aussi un rôle de conseil et de prescription auprès du législateur via diverses instances consultatives, afin de mettre en place des lois réalistes et applicables, conjuguant performance au travail et sécurité renforcée.

L’expertise acoustique : l’infini des possibles

Les compétences des ingénieurs acousticiens peuvent être mises à profit dans de nombreux contextes et correspondre à différents profils de métiers.

Recherche et développement

S’il n’exerce pas en bureau d’études ou à son propre compte pour réaliser des diagnostics et collaborer à la réalisation de bâtiments, ou encore à la maîtrise de l’environnement sonore extérieur, ou à celle des bruits industriels, l’acousticien peut travailler au sein de laboratoires de recherche et développement. Dans ce cadre, il va caractériser selon des conditions expérimentales les performances acoustiques de matériaux ou de systèmes. Ces études sont indispensables pour limiter les bruits des machines ou alors en nuancer « la couleur », mais aussi pour optimiser l’efficacité d’isolation ou d’absorption d’un dispositif, fenêtre ou cloison par exemple. Ces laboratoires peuvent être affiliés à des industriels-fabricants. Dans ce cas, ils contribuent à la conception des éléments d’amélioration acoustique. À l’inverse, certains sont indépendants pour garantir le contrôle et la vérification des produits mis sur le marché. Il existe aussi des structures de recherche fondamentale à l’université et au CNRS.

Une expertise sollicitée dans de nombreux domaines

Parmi les autres domaines d’applications phares, les acousticiens sont très présents en particulier dans l’industrie du transport automobile, aéronautique ou ferroviaire, pour réduire le bruit des moteurs ou des parties mécaniques d’un véhicule. Dans le cas de la construction d’un sous-marin, l’acousticien tient un rôle principal pour créer une structure furtive et silencieuse, mais dédiée à la perception des sons. Ils sont aussi à l’œuvre dans le secteur de l’énergie pour baisser les niveaux sonores des machines.

Du côté du développement des dispositifs de diffusion, on retrouve des profils orientés vers l’électroacoustique pour la conception et le design d’enceintes. De même qu’une carrière est possible dans la sonorisation d’espaces, à travers notamment l’implantation de haut-parleurs.

Les audioprothésistes et les ORL, dont l’activité est essentiellement médicale, doivent également prendre en compte différents phénomènes sonores et sollicitent parfois des acousticiens pour leur expertise poussée.

Dans une perspective de protection de la biodiversité, de plus en plus de recherches aujourd’hui intègrent la bioacoustique, ayant pour sujet d’étude la communication sonore animale ainsi que le stress dû au bruit, en évaluant l’impact des changements environnementaux en la matière.

Adossé à la science et choisissant l’objet de son application parmi un éventail varié, l’acousticien a donc un champ des possibles vaste pour la réalisation de son parcours professionnel et des passerelles entre les différents postes sont de plus en plus nombreuses.

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